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à la table du déjeuner. Après un moment de réflexion il dit :

— J’ai été fort surpris d’une chose qu’il m’a dite ! Aviez-vous quelque soupçon que lui et Laura s’aimassent ?

— Je sais qu’elle lui a toujours été fort attachée, et qu’elle était sa favorite. Mais avait-il de l’amour pour elle, ce pauvre garçon ?

— Il dit qu’ils se sont promis de s’aimer.

— Laura ? Notre sœur ! Walter, c’est impossible. Il rêvait encore.

— Je l’aurais cru, si, du reste, il n’avait pas parlé très sensément. Il était trop faible pour s’expliquer, mais il dit que ce n’est pas la faute de Laura, et il nous demande de ne pas lui laisser apprendre soudainement sa mort. Il était aussi calme que je le suis dans ce moment. Non, Amy, il n’était pas dans le délire.

— Cependant je ne puis le croire de Laura, ni de lui. Ne savez-vous pas que les gens qui ont la fièvre peuvent déraisonner sur un seul point et garder tout leur bon sens sur d’autres : S’il l’a vraiment aimée depuis longtemps, il doit avoir beaucoup souffert, et il peut se figurer qu’ils se sont fait une semblable promesse.

— Je ne sais, dit Walter. Je ne puis m’empêcher de croire ce qu’il m’a dit : Ce serait trop affreux, si nous devions nous reprocher à l’heure de la mort, outre nos fautes réelles, celles que nous n’aurions pas commises.