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naud. Cependant Walter était infatigable dans ses fonctions de garde-malade. Il les remplissait avec une exactitude rare, ne pensait jamais à lui et toujours au bien-être du patient. Il n’allait auprès d’Amable qu’à l’heure des repas, et de temps en temps, dans le cours de la journée, pour lui donner des nouvelles. S’il pouvait rester un peu plus longtemps, quand Philippe était assoupi, elle tâchait de lui faire prendre quelque repos. Si c’était le soir, ou dans le moment de la grande chaleur, il consentait à se coucher, pendant qu’elle lui faisait une lecture, mais il finissait rarement par s’endormir ; et, d’ordinaire, il préférait sortir avec sa femme, pour aller respirer l’air frais sous l’ombrage des châtaigniers ou sur le sommet des vertes collines.

Ces promenades et les conversations sérieuses que les circonstances amenaient leur étaient précieuses à tous deux. Il lui disait les pensées qui avaient occupé ses veilles, et ils partageaient les impressions profondes de cette époque d’appréhensions. Ces moments étaient doux, mais ils étaient rares et incertains. Dans l’intervalle Amy attendait et espérait seule, et avait beaucoup à faire ; les bulletins continus qu’elle envoyait à ses parents, les ordres à donner pour faire venir de Vicence, et même de Venise, cent choses nécessaires ; elle travaillait même de ses propres mains, avec l’aide de sa femme de chambre, pour remplacer ce qu’on ne pouvait se procurer. Walter disait qu’elle faisait plus pour Philippe hors de sa chambre que lui-même dedans. Les choses se passèrent ainsi pendant