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n’avait pas compris ce qui se passait. Le délire vint bientôt. Le malade était inquiet de se sentir isolé ; il essayait de parler italien ; Walter lui répondait en anglais, et la langue maternelle paraissait lui faire plaisir. Cependant, au grand chagrin de Walter, son ancienne inimitié contre lui reparaissait ; il ne repoussait pas ses soins, mais il ne semblait pas les recevoir avec plaisir. Vers la nuit l’agitation du malade augmenta, au point qu’il fallut le tenir de force dans son lit.

Amable ne vit son mari qu’un instant ce soir-là ; elle lui fit prendre du café, et il redescendit bientôt, disant qu’il veillerait toute la nuit, mais lui conseillant de se coucher, parce qu’elle était pâle et fatiguée. La nuit fut terrible, et, le lendemain matin, le malade était sans connaissance. Enfin le médecin arriva. C’était un Français, homme habile et intelligent. Il déclara que le cas était grave et le cerveau plus affecté qu’il ne l’est d’ordinaire par une fièvre de malaria. Ce fut un grand soulagement pour Walter de voir essayer des remèdes ; mais la glace et les vésicatoires faisaient peu d’effet, et le médecin déclara que la fièvre ne diminuerait pas de longtemps.

Les jours se succédaient sans changement favorable. Philippe n’avait, entre ses moments de rêveries, que de très courts intervalles lucides. Il se croyait toujours abandonné de ses amis, demandait de retourner à Stylehurst, et, quand il reconnaissait Walter, il montrait toujours une certaine répugnance à recevoir ses services, auxquels il préférait ceux d’Ar-