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la lèvre, et il promit de travailler sérieusement au moins quatre heures par jour. Il tint sa parole, et ne quittait l’étude que pour faire une lecture à Charles, qui commençait à le dominer comme le reste de la famille. Walter, accoutumé à une vie active et à beaucoup d’exercice, aurait fait cette lecture avec plus de plaisir à tout autre moment. Il en fit même une fois l’observation ; mais Charles ne voulut pas l’écouter et il céda comme les autres. En général, il montrait en toutes choses une complaisance extrême pour le jeune malade. Ce dernier semblait rarement lui en savoir gré, et même il cherchait souvent à le fâcher, pour voir s’il avait vraiment le caractère impétueux que l’on attribuait à sa famille. Pour cela il le contrariait et le contredisait, même lorsqu’au fond il pensait comme lui. Walter n’y comprenait rien, mais Laura vint à son secours, en lui disant que son frère ne parlait pas sérieusement.

— Je ne puis l’excuser complétement de plaisanter ainsi aux dépens de la vérité, dit Walter, mais il a si peu de plaisirs ! Il faut lui pardonner.

Et, depuis lors, il ne lui en coûta plus de se contenir vis-à-vis de Charles. Un jour cependant, comme tous nos jeunes gens étaient réunis au salon à l’heure du crépuscule, la conversation tomba sur les revenants, et Laura demanda à Walter ce que c’était que cet esprit qui revenait à Redclyffe.

— On disait que vous l’aviez vu vous-même, s’écria Philippe en remarquant son air sombre. Voyons, contez-nous un peu cela. Avez-vous vu votre propre