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vous l’effet que ferait sur d’autres une vie de dissipation. Or, comme vous serez tôt ou tard dans le cas de voir le monde, il est bon pour vous que vous en ayez chez nous un léger échantillon. Continuez à veiller sur vous-même, et cela ne vous fera pas de mal.

— Vous pensez donc, madame, que je ne dois pas fuir la tentation ?

— Si des plaisirs, qui ne sont pas un devoir, sont une tentation, abandonnez-les. Mais, comme il y a des tentations partout, il y en a que vous devez combattre sans les fuir. Tels sont celles que vous rencontrerez dans la société, grâce à la position dans laquelle Dieu vous a placé.

— Je crois vous comprendre, madame, et ces lectures arrivent à propos pour m’empêcher de me livrer entièrement au plaisir de la société.

— Vous n’aimez donc pas le grec et le latin ?

— Oh ! s’écria Walter, j’adore Homère et les Géorgiques, et bien d’autres choses. Mais la grammaire, les racines grecques ! je n’ai jamais eu le courage de les étudier à fond.

— Qui a été votre maître ?

M. Potts, un homme de beaucoup de talent ; il n’a reçu qu’une éducation fort imparfaite ; mais il a tant travaillé, qu’il est arrivé au rang de professeur à l’École industrielle de Moorworth, où sont les neveux de Markham. Il remplit sa tâche avec beaucoup de patience : mais combien il jouit d’une après-midi de liberté et d’un nouveau livre ! J’ai pris des leçons de lui, trois fois par semaine, depuis l’âge de huit ou