Page:Yonge - L'héritier de Redclyffe, Vol 1, 1855.djvu/65

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 59 —

que fois que je fais l’ascension de l’escalier, ou qu’il faut changer mon canapé de place. La dernière fois que Philippe était ici, chaque pas me coûta un argument, jusqu’à ce que, de fatigue, je me laissai aller de tout mon poids sur ses bras pour être simplement porté. Mais il est si fort que cela lui était bien égal. Aussi, le jour suivant, pour le vexer, je me traînai tout seul sur mes béquilles.

M. Walter est si complaisant que cela me gêne, dit madame Edmonstone. Il semble que nous l’avons amené ici pour tenir compagnie à Charles.

— Il ne pense qu’à son cheval et à son chien, dit Charles. Jamais on n’aima les animaux avec tant de passion.

— Ils ont été à peu près ses seuls compagnons, répondit madame Edmonstone. Il passait autrefois la moitié de son temps à courir avec eux dans les bois ou sur la grève.

— J’ai rêvé la nuit au paradis qu’il me décrivit hier, dit Charles ; un marais à demi gelé par une nuit d’hiver, et couvert de canards sauvages. Voyons, Charlotte, approche, et fais à Mary le compte de tous les animaux que Walter a élevés.

Charlotte commença :

— Il avait une mouette, un hérisson, un renard, un blaireau, un geai, un singe, qu’il avait acheté parce qu’il était mourant ; il le guérit, mais la pauvre bête périt l’hiver suivant. Puis un crapaud, un corbeau, un écureuil, un…

— Assez, assez, Charlotte !