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tour. La conversation ne roulait guère que sur la politique, et j’étais toujours bien aise que ce fût fini, afin de remonter à cheval. Mais cette réunion de jeunesse, c’est plutôt comme un vol de corneilles ou d’oiseaux de mer sur la grève.

Chaque jour on s’apercevait davantage que Walter avait naturellement une surabondance de vie et d’ardeur, comprimée jusque-là par son existence solitaire. Il faisait toutes ses confidences à madame Edmonstone, et l’entretenait, avec la vivacité d’un enfant, de tout ce qui l’intéressait. Il lui apportait son livre pour lui faire remarquer les passages qui lui avaient plu ; il lui parlait des affaires de Redclyffe, et lui montrait les lettres de Markham, l’intendant. Sa tête était remplie de son cheval Deloraine, qui allait arriver, sous la conduite d’un groom, et il y avait des consultations sans fin sur les moyens de transport. M. Edmonstone était presque aussi préoccupé que lui de cette grande affaire. Walter ne se familiarisa pas aussi vite avec les jeunes gens qu’avec les parents ; mais sa bonne humeur croissait de jour en jour. On l’entendait se promenait, en sifflant, dans le jardin, et Trim, au lieu de marcher gravement derrière lui, gambadait maintenant, le tirait par son habit, et mettait en train des parties, que Charles et Amable considéraient avec délices, des fenêtres du salon. Walter sautait, courait, roulait son chien par terre, lui tirait la queue, les pattes ou les oreilles, riait à ses culbutes et à ses bonds, tandis que l’animal, feignant de mordre, avait lui-même l’air de rire avec ses yeux intelligents et sa