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surprises, et Walter parut aussi content que l’est tout homme qui vient de découvrir qu’il possède une faculté qu’il ne connaissait pas. Ce fût son premier mouvement de joie ; Laura et sa mère furent d’avis qu’il lui serait bon de faire beaucoup de musique et de cultiver cette belle voix. Déjà tous s’intéressaient à lui, à cause de la complaisance qu’il montra pour Charles, dès qu’il eut compris le genre d’assistance dont il avait besoin ; on était touché de sa douleur muette, qui montrait combien il avait été attaché à son grand-père.

Le premier dimanche, après son arrivée, madame Edmonstone, entrant au salon vers cinq heures et demie, le trouva seul, assis auprès du feu avec son chien à ses pieds. Il se leva subitement à son entrée ; elle lui demanda s’il était demeuré dans cette obscurité depuis son retour de l’église.

— Je n’avais pas besoin de lumière, répondit-il avec un profond soupir, et, comme elle ranimait le feu presque éteint, la clarté soudaine révéla des traces de larmes sur la figure du jeune homme. Elle aurait voulu le consoler et lui dit :

— C’est un moment propre à la réflexion qu’un dimanche à l’entrée de la nuit.

— Oui, répondit-il, il y a si peu de temps…

Et il s’arrêta court.

— Vous étiez si peu préparé !

— Je ne l’étais pas du tout. Ce même jour, dans la matinée, il s’était occupé d’affaires avec Markham, et jamais ses idées n’avaient été plus claires.