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Amy fut placée fort heureusement hors de la portée de sa vue, du même côté de la table, et à côté de M. Ross, qui, comme sa fille, en devinait assez pour la laisser tranquille.

Cependant Charles et Charlotte, demeurés ensemble au salon, faisaient mille charmantes suppositions. Ils causèrent ainsi jusqu’au retour des dames ; alors Charles fit à Mary Ross bien plus de confidences qu’elle n’avait pu en tirer de Laura.

Amy, devenue tout à fait maîtresse d’elle-même, pouvait converser sur tous les sujets avec les dames ; elle continua de même à l’arrivée des messieurs, quoiqu’elle prêtât l’oreille à ce que Walter et M. Ross disaient de Coombe-Prior. Ce qui la gêna le plus, c’est qu’on lui demanda de faire de la musique. Laura aurait voulu pouvoir l’épargner, mais elle ne put y parvenir. Et, pendant que les deux sœurs feuilletaient leurs cahiers, pour trouver quelque chose de facile, une autre main vint tourner les pages, avec une parfaite expérience, et ouvrit le livre à un morceau d’ensemble où Amy n’avait presque rien à faire. Quand il fut fini, elle s’éloigna du piano, pour écouter Laura et Walter, qui continuèrent à chanter.

— Tout ceci ne vous est-il pas fort désagréable ? lui demanda Laura.

— Non, je puis mieux chanter que parler, répondit-il.

Enfin la société se retira. Mary Ross ne put s’empêcher de dire tout bas à madame Edmonstone :

— Vous devez être bien aise de vous débarrasser de nous.