Page:Yonge - L'héritier de Redclyffe, Vol 1, 1855.djvu/328

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 322 —

échoué sur les écueils qui entouraient le Shag, et que tout l’équipage était perdu. Il s’habille à la hâte et court au bord de la mer pour savoir la vérité, et voir s’il n’y avait rien à tenter. Il n’était pas bien loin de chez lui, quand il fut rejoint par un homme de forte taille, enveloppé dans une immense redingote.

— Ah ! monsieur Markham ! vous allez aussi voir le naufrage ?

— Mais, oui ! dit M. Markham d’un ton assez rude, plus poli que d’ordinaire avec M. Ashford. Il faut bien que j’y coure, ou notre jeune monsieur sera bientôt au plus fort de la bagarre. S’il y a quelque part une sottise à faire, il la fait.

— La sottise de s’exposer au danger ?…

— Oui, j’espère qu’il n’a pas entendu parler de ce naufrage, sans quoi rien ne le retiendra !

Le ministre et l’intendant pressèrent le pas en causant ainsi : ils arrivèrent au bord de la mer dans le moment où de nouveaux nuages cachaient la lune, en sorte qu’ils ne pouvaient rien distinguer. Ils furent bientôt au milieu de la foule, qui s’efforçait de suivre des yeux les bateaux.

— En Voilà un ! Non ! Mais oui ! C’est celui de M. Walter !

M. Walter ! s’écria Markham. J’espère qu’il n’est pas là !… Je suis donc venu trop tard ! À quoi pensez-vous, Jonas, vieux fou que vous êtes, de l’avoir laissé partir ! Que le ciel ait pitié de nous ! Voilà une nouvelle rafale, c’est fait de lui !

Markham semblait éprouver quelque soulagement