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nation, qu’il finissait par se croire un des acteurs de cette horrible scène.

Cependant il s’était toujours plus occupé de sa mère que de son père, et, depuis son exil de Hollywell, il avait souhaité bien souvent de la posséder encore pour le consoler, partager ses peines, et remplacer madame Edmonstone, dont l’amour maternel n’était diminué par aucune faute de ses enfants. Il se rendit un jour à Moorwoorth, et se fit répéter tout au long, par madame Lavers, les détails que nous connaissons déjà sur la mort de la jeune madame Morville, et la description de cette charmante personne.

Si Walter pouvait, grâce à son activité, passer les journées dans la solitude, les soirées au contraire lui étaient fort à charge. Il demeurait assis au coin du feu, essayant de lire et de s’occuper ; mais son imagination le ramenait toujours au souvenir de ses parents et de ses chagrins. Les dernières heures de la veille de Noël furent surtout difficiles à passer. La journée avait été froide et sombre, et aucune visite n’était venue le distraire. Fatigué de lire, il posa son livre sur la table et demeura les yeux fixés sur le feu, se représentant la joyeuse réunion de famille à laquelle il avait assisté l’année précédente à Hollywell, et qui avait lieu sans lui dans ce moment. Il se demandait si on l’avait tout à fait oublié chez madame Edmonstone, et pourquoi Charles ne lui écrivait plus ? Et Amy ! il ne pouvait souhaiter qu’elle fût malheureuse à cause de lui ; mais quelque chose lui faisait