Page:Yonge - L'héritier de Redclyffe, Vol 1, 1855.djvu/313

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 307 —

Markham les lui conta volontiers, pensant que ce récit lui servirait de leçon, et lui apprendrait à se tenir en garde contre ses passions.

Markham avait été fort attaché au père de Walter, qui lui était presque entièrement confié. Il en était fier et l’avait aimé, s’il était possible, encore plus que Walter lui-même. Aussi avait-il pleuré sur ses fautes et sur son malheur plus qu’on ne l’avait jamais soupçonné. C’était la première fois qu’il racontait son histoire tout au long, et il décrivit avec amour ce beau jeune homme grand et fier, dont les nobles qualités avaient été souillées par des passions indomptables. Walter, voyant combien ce récit affectait le pauvre Markham, se reprochait presque de le lui avoir demandé, et Markham, de son côté, voyant le vif intérêt que Walter semblait y prendre, se demandait s’il n’avait pas commis une imprudence en parlant de choses qu’il aurait mieux valu pouvoir oublier.

Il l’aurait regretté encore plus vivement, s’il avait su comme son jeune maître, quand il était seul, repassait toutes ces scènes dans sa mémoire. Il se représentait son père chassé de la maison paternelle, puis faisant violence à son orgueil pour l’amour de sa femme, et venant implorer le pardon de son père. Il le voyait arriver dans le vestibule du manoir de ses ancêtres pour n’y rencontrer qu’un cruel refus, puis partir, emporté par son cheval comme par un tourbillon, tomber et passer dans l’éternité avec la colère dans le cœur. Walter s’échauffait tellement l’imagi-