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— Je supporterai mes épreuves en chrétien, se dit-il. N’ai-je pas mérité un sort bien plus triste ? car enfin, moi aussi, j’ai été un meurtrier par mes pensées. Dieu m’a accordé du temps pour me repentir, et j’en profiterai, dussé-je traîner une longue vie de solitude, et séparé d’Amable pour toujours.

Quand il eut pris cette résolution, il se sentit plus fort, et, allumant sa bougie, il se rendit dans sa chambre, à l’étage supérieur du château. C’était son ancienne chambre, comme il l’avait demandé ; bien que madame Drew eût préféré loger le maître de la maison dans un appartement plus conforme à sa nouvelle dignité. Walter y retrouva tous ses anciens trésors, ses arcs et ses flèches, sa collection d’ailes d’oiseaux, et toutes les armes et les machines merveilleuses qu’il avait fabriquées autrefois. Tous ces objets témoignaient des soins que madame Drew en avait pris. Walter renouvela connaissance avec ces précieux souvenirs, dont la vue lui causait un doux attendrissement. Mais comme il se sentait supérieur à ce qu’il était dans ces jeunes années, où il ne faisait que jouir de la vie sans en connaître le but ! Maintenant il souffrait sans doute, cependant il se promit encore de souffrir avec patience et de vivre pour le bien de ses semblables, et il s’endormit bientôt dans son petit lit, en rêvant à toutes les réformes qu’il voulait opérer à Coombe-Prior.