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grille ouverte, à l’entrée de laquelle la vieille Sahra s’avança en saluant et en faisant la révérence.

Walter s’élança de la voiture pour lui dire bonjour et pour ménager Blanche-Face, car la montée de l’avenue était rude pour les chevaux. Il courut donc le premier au haut de la pente gazonnée, d’où l’on avait la première vue du château. Mais le jeune homme dirigea d’abord ses pas d’un autre côté ; il gravit la pente plus rapide de la colline, et, parvenu au sommet, il demeura en extase devant l’Océan. Sous ses pieds, des rochers à pic descendaient jusqu’à la mer ; çà et là seulement, dans leurs fentes, une touffe de genêts avait trouvé sa place. Les vagues se brisaient sur le rivage, et le vent, le véritable vent de mer, soufflait dans la figure du spectateur de cette scène imposante. Il voyait au loin les rochers de Shag-Island qui fermaient la baie, et, presque au-dessous de lui, mais un peu à gauche, la partie du village où vivaient les pêcheurs, abritée dans l’anse où se jetait le torrent de la montagne, et où se balançaient une douzaine de bateaux.

Walter ne pouvait jouir de cette vue comme il l’aurait fait, si de tristes pensées ne l’avaient poursuivi. Il était seul devant ce tableau qu’il avait tant désiré de faire admirer à Amable, et en présence des objets dont il lui avait parlé si souvent ! Et cependant il éprouvait quelque consolation à revoir ces sites aimés. Mais Walter sentit qu’il ne devait pas se faire attendre et courut du côté de la maison où Markham arrivait avec la voiture, en sorte que les domestiques n’a-