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mieux, quand il venait prendre sa leçon chez M. Potts et laissait son poney à l’auberge.

Certain d’être le bienvenu, Walter s’élança de la voiture avec Trim, et demanda à la servante comment se portait madame Lavers.

Aussitôt madame Lavers en personne parut sur le seuil de sa porte, avec la même figure bienveillante encadrée dans un petit bonnet blanc, la même robe noire et le même châle brillant que Walter avait toujours connus. Elle n’avait d’attentions que pour lui et, dès qu’elle le vit, elle oublia tous ses hôtes. Comment Walter n’aurait-il pas été un peu réjoui par le témoignage d’une si vive affection ? Il ne voulut pas montrer qu’il était pressé de partir, et consentit à s’asseoir devant un bon feu, où il se chauffa un moment, en disant à l’hôtesse qu’il arrivait d’Oxford ; quelqu’un devait venir de Redclyffe l’attendre à Moorworth. Ce quelqu’un était M. Markham en personne, gros homme à la figure honnête, demi-monsieur demi-paysan, dont les cheveux et les favoris gris étaient, ce jour-là, couverts de givre. Il arriva bientôt dans sa haute voiture à deux roues, traînée par un vieux cheval brun à la face blanche. Du plus loin que Walter l’aperçut il courut à sa rencontre.

Le vieux serviteur lui serra cordialement la main, quoique ses paroles eussent un air de brusquerie :

— Eh bien ! monsieur Walter, comment allez-vous ? Qu’est-ce qui vous amène si soudainement ? Bonjour, madame Lavers. Les routes sont mauvaises cet hiver.

— Bonjour, monsieur Markham. Quel plaisir de re-