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père, cette impression devint bien plus forte dans les tristes circonstances où il se trouvait. Cependant il préféra ce parti à celui d’accepter l’invitation de Harry Graham ou celle de quelque autre ami, de venir passer Noël dans leur famille, car il ne se sentait pas disposé à la gaieté.

Le dernier jour du trimestre, il écrivit à Markham de lui préparer sa chambre et la bibliothèque, et d’envoyer quelqu’un l’attendre à Moorworth.

Les chemins de fer s’étaient rapprochés de Redclyffe depuis trois ans ; cependant il y avait toujours un trajet d’une trentaine de milles à faire dans une voiture publique ; la route traversait des endroits où Walter n’avait jamais passé. C’étaient des marais et des landes arides, qui, sous le ciel gris de l’hiver, ne lui présentaient rien de propre à le distraire de ses pensées. Il put rêver à l’accueil bienveillant que, dans d’autres, circonstances, il aurait reçu ce même soir à Hollywell !

Une descente soudaine ayant obligé le cocher à enrayer, la voiture entra fort lentement dans un village remarquable seulement par sa misérable apparence. Les chaumières, grossièrement bâties, étaient dans l’état le plus délabré ; des femmes sales et en désordre paraissaient sur le seuil des portes, tandis que des enfants déguenillés couraient après la voiture en poussant des cris. Le toit de l’église était enfoncé, et des bestiaux paissaient dans le cimetière ; tout l’ensemble rappelait un village irlandais.

— Quel est ce misérable endroit ? demanda un voyageur.