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plus épais et pénétrait peu à peu leurs vêtements ; mais ils n’y faisaient pas attention, ils n’avaient jamais passé ensemble une heure pareille. Jamais Philippe n’avait autant montré d’amour à Laura, et le bonheur qu’il lui faisait goûter la fortifiait d’avance pour les longues années de solitude qu’elle allait passer.

Cependant quand ils rentrèrent, Amy, ayant suivi sa sœur dans sa chambre, exprima sa surprise de voir ses vêtements si humides et de ce qu’elle était restée si tard hors de la maison. Toutes deux souffraient beaucoup, mais il y avait plus de paix sur la figure de la cadette que sur celle de l’aînée.

Philippe, qui sentait pour Amy un intérêt de frère, craignait que M. Edmonstone ne se relâchât de sa sévérité envers Walter après son départ, et il fit tout ce qu’il put pour prévenir ce malheur.

Le jour du départ arriva enfin, et Philippe alla prendre congé de Charles. Le pauvre malade était trop faible pour le recevoir comme l’autre fois, mais il était toujours dans les mêmes sentiments.

— Adieu, lui dit Philippe ; j’espère apprendre bientôt que vous êtes guéri.

— Adieu, répondit Charles ; j’espère aussi apprendre bientôt que vous êtes guéri. J’aime mieux avoir la hanche que l’esprit malade.

Il n’était pas dans un état qui permît de lui répondre, et Philippe répéta son adieu sans prévoir dans quelles circonstances ils se rencontreraient de nouveau.

Le reste de la famille l’attendait dans le vestibule ; sa tante avait les yeux remplis de larmes, car elle l’ai-