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preuve, car il était rangé avec un ordre et un goût parfaits. Mais rien ne put lui faire deviner les habitudes de son cousin. Les meubles étaient ceux de son prédécesseur, usés un peu plus, et loin d’être en ordre. Il y avait tant de livres et de papiers entassés sur toutes les chaises, que Walter fut obligé d’en débarrasser une pour l’offrir à Philippe, mais c’était la seule chose dont on aurait pu se plaindre, et l’on ne sentait pas même le cigare. Philippe, qui savait que Walter aimait la lecture et les arts, fut surpris de ne voir d’autres ornements de la chambre qu’un dessin de Laura, et une petite gravure représentant Redclyffe. Pour les livres, c’étaient uniquement des livres d’étude, excepté deux ou trois vieux volumes qui devaient venir de Redclyffe. Était-ce une nouvelle preuve que Walter dépensait ailleurs son argent ? Il avait devant lui un Sophocle et un dictionnaire, ainsi qu’un buvard, qu’il ferma, mais dans lequel Philippe eut le temps de voir quelque chose qui ressemblait à des vers.

Sa contenance n’était pas non plus ce que Philippe attendait. Il avait l’air plus triste qu’autrefois, et son sourire semblait un rayon de soleil dans un jour de pluie, mais il n’y avait ni embarras ni défiance dans son expression, et ce fut avec une entière franchise qu’il dit :

— Vous êtes bien bon de venir voir ce que vous pouvez faire pour moi.

Philippe ne s’attendait pas à ce langage et supposa que Walter voulait gagner son intercession ;