Page:Yonge - L'héritier de Redclyffe, Vol 1, 1855.djvu/257

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 251 —

votre inclination, et il l’approuverait encore s’il n’était dans l’erreur…

— Je suis sûre que lui, il ne m’approuverait pas de désobéir, dit Amy.

— Lui ?… prenez garde à ce que vous faites, ou vous ne le reverrez jamais.

— Ce n’est pas ma faute !

— Quelle folie ! Vous ne valez pas mieux que les autres, et je ne crois pas que vous teniez beaucoup à Walter…

— Charles, Charles, vous êtes bien cruel ! s’écria la pauvre Amy avec un nouvel accès de pleurs.

Pauvre Amy ! elle n’avait jamais été aussi malheureuse qu’au moment où elle quitta la chambre pour ne pas céder aux mouvements de son cœur. Combien elle aurait voulu adresser quelques mots d’affection à celui qu’elle ne pouvait s’empêcher d’aimer.

Une nouvelle épreuve l’attendait dans sa chambre, où elle courut se réfugier. Elle vit de sa fenêtre Deloraine sortir de l’écurie avec William en costume de voyage. Les autres domestiques lui donnèrent des poignées de main en lui souhaitant un bon retour, puis il monta le bel animal et partit. Elle eut alors bien de la peine à ne pas retourner vers son frère et céder à ses sollicitations, mais elle résista à la tentation, et se jeta sur son lit en répétant d’une voix étouffée : Il ne reviendra jamais !

Elle était encore assise sur le bord de son lit et tâchait de se remettre, quand Laura entra dans sa chambre.