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sa fille, qui demeurait debout, appuyée à la chaise de son frère, et parfaitement immobile.

Charles protestait hautement, déclarait que c’était une chose absurde, qu’il irait parler à son père et lui montrer le clair de tout cela. Amy écoutait et espérait, et sa mère, qui avait une bonne opinion du jugement de Charles, se sentait un peu rassurée, et espérait qu’on se réconcilierait.

Cependant Laura et Philippe s’étaient trouvés ensemble avant le déjeuner, et Laura avait appris l’histoire de Walter de la bouche de son cousin : elle était indignée.

— Ma pauvre sœur ! s’écriait-elle. Je vois à présent de quoi vous avez voulu me sauver, Philippe !

— Quel malheur qu’on leur ait permis de s’aimer !

— Elle était si heureuse ! Je l’enviais presque en voyant la différence que faisait la richesse. Mais je reconnais à présent qu’il est des malheurs plus grands que la pauvreté.

Philippe ne répondit rien, mais son regard s’adoucit en s’arrêtant sur elle ; elle se sentit heureuse, jusqu’au moment où le reste de la famille entra pour le déjeuner. Le repas fut triste, et, quand il fut achevé, Charles ne voulut pas suivre les dames, et il s’écria dès qu’elles furent sorties :

— Voyons, Philippe, expliquez-vous ! faites-moi donc connaître vos raisons, et pourquoi vous le persécutez ?…

C’était mal commencer ; son père fut offensé et laissa déborder un torrent d’accusations contre Wal-