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lant un journal, tandis que ses traits, qui auraient été beaux si la souffrance ne les eût pâlis et maigris, perdirent peu à peu leur expression animée et un peu satirique pour prendre celle de la fatigue et du mécontentement.

Charles avait dix-neuf ans, et, depuis dix ans, il était atteint d’un mal dans la hanche, qui, en dépit des soins les plus attentifs, lui causait souvent de vives souffrances. Ce mal avait tellement contracté sa jambe qu’il était devenu complètement boiteux, et sa santé était en général assez délicate pour le rendre un objet continuel de soins et d’anxiété. Sa mère avait toujours été pour lui une garde-malade infatigable et dévouée ; elle avait renoncé à tout pour lui, et le veillait jour et nuit. Son père cédait à ses moindres caprices ; et, quant à ses sœurs, il va sans dire qu’elles étaient ses esclaves.

Laura et Amable avaient été sous la direction d’une institutrice jusqu’à l’époque où notre histoire commence. Alors on jugea que Laura était d’âge à être présentée, et l’institutrice ayant quitté la famille, les deux sœurs devinrent les compagnes de Charles au salon. Pendant ce temps, madame Edmonstone, qui avait un talent et un goût particulier pour l’enseignement, s’occupait elle-même de l’éducation de la petite Charlotte.