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au mieux. J’en suis bien fâchée pour vous, ma chère Amy ! ajouta-t-elle en la serrant dans ses bras.

— Il faut que j’apprenne la résignation ! se dit Amy. Seulement, reprit-elle plus haut, je voudrais bien que Philippe ne se mêlât de rien. Cela fâchera Walter, qui en aura du regret après.

La cloche du dîner sonna, et Amy courut un instant dans sa chambre.

— Oui, se dit-elle encore, il faut que je me résigne si je veux être digne de lui. Il m’a dit que je serais sa Véréna ! Je sais ce que cela signifie. Sans doute tout s’éclaircira, et il ne faut pas que j’aie l’air de bouder Philippe.

À dîner, M. Edmonstone était de mauvaise humeur et trouvait à redire à tout. Madame Edmonstone parla politique avec Philippe jusqu’au moment où les dames quittèrent la salle à manger. Charles les suivit bientôt au salon, se plaignant d’avoir été mis à la porte par Philippe, qui lui avait dit vouloir parler à son oncle.

Les jeunes gens formèrent ensemble mille conjectures, jusqu’à ce que madame Edmonstone, à son retour, leur donna toutes les informations qu’elle put. Charles était furieux contre madame Henley et son frère, et Laura n’osait prendre la défense de Philippe, de peur de le faire avec trop de chaleur. Mais tous s’accordaient à croire que Walter était innocent, seulement Laura pensait que Philippe agissait pour le mieux ; madame Edmonstone qu’il était dans l’erreur, et Charles, sans le croire capable de mensonge, pensait que son cousin se plaisait à fonder sur de faibles