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— Nous avons si peu de différence d’âge, Laura et moi ! reprit Amy un peu tristement.

— Vous êtes bien assez sage pour votre âge, Amy, et Laura l’est beaucoup trop ; aussi je crains sans cesse que la nature ne reprenne ses droits, et ne lui fasse faire quelque grande folie.

— Quelle idée ! s’écria Amable avec indignation. Laura faire une folie !

— Ce qui m’amuserait surtout, continua Charles, ce serait de la voir éprise de ce héros, et Philippe tout à fait jaloux.

— Comment pouvez-vous dire une chose pareille, Charles ?

— Vit-on jamais une jeune beauté qui n’aimât le pupille de son père ?

— C’est vrai ; mais il faut qu’elle vive seule avec un vieux père et sa tante, vieille fille très désagréable.

— Très bien, Amy, vous pourrez jouer le rôle de la tante.

Et comme Laura rentrait dans ce moment, Charles lui annonça qu’aucun héros n’avait jamais manqué de devenir amoureux de la jolie fille de son tuteur.

— Si son tuteur a une jolie fille, dit Laura décidée à ne pas se laisser déconcerter.

— Ah ! vous cherchez les compliments ! dit Charles.

Mais Amable, qui ne voulait pas qu’on tourmentât sa sœur, et qui avait sur la conscience d’avoir perdu beaucoup de temps, se mit au piano pour étudier. Laura retourna à son dessin, et Charles prit en bâil-