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par raison que par goût. Ainsi il les vit fort peu, ayant d’ailleurs avec lui, à South Moor, deux de ses meilleurs amis, et, entre les heures de travail, tous les plaisirs qu’il pouvait désirer.

La première fois que M. Wellwood alla voir ses cousines à Saint-Mildred, il dit chez elles, pour la vingtième fois, quel excellent garçon c’était que Walter. Puis il leur dit que, sans vouloir les fatiguer de ses élèves, il désirait leur présenter Morville, qui en serait très reconnaissant, comme d’une preuve de pardon envers son grand-père. Ainsi Walter se vit reçu dans une maison bien différente de celles qu’il avait vues jusque-là. Les deux demoiselles Wellwood vivaient fort retirées, et ne s’occupaient que de bienfaisance. L’aînée surtout était d’une piété remarquable ; mais, comme elles faisaient leur œuvre en dehors du comité des dames charitables, que présidait madame Henley, elles étaient l’objet de ses sarcasmes continuels. Cela fâchait beaucoup Walter, qui ne pouvait souffrir d’entendre médire de personnes estimables ; ce qui l’irritait surtout, c’était d’entendre des gens qui vivaient fort à leur aise, et sans se déranger, se moquer d’une personne dont la conduite était trop belle pour qu’ils pussent la comprendre, à plus forte raison l’imiter. Il fronçait alors le sourcil, se mordait les lèvres, et, quand il se permettait de répondre quelques mots, c’était avec une force qui surprenait dans un si jeune homme. Madame Henley le redoutait, elle évitait d’entamer ce sujet ; mais, comme c’était la seule personne qu’elle