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« Votre lettre de ce matin m’a causé plus de peine que de surprise, et a seulement confirmé des informations qui m’étaient déjà parvenues. Je sais que, soit par faiblesse de caractère, soit par une disposition naturelle, vous vous êtes laissé entraîner à jouer. De là sans doute proviennent les difficultés qui vous forcent à me demander de l’argent. Je suis fâché de découvrir que ni les principes qui semblaient vous diriger, ni vos sentiments pour une personne de ma famille, n’aient eu le pouvoir de vous arrêter sur cette pente fatale. »

— Est-ce là tout ce que je dois dire d’elle ? s’écria M. Edmonstone.

— Puisque, heureusement, il n’y a pas d’engagement, il n’y a rien à rompre. Puis, il ne faut pas lui donner lieu de se dire injustement traité. Demandez-lui d’abord de se justifier s’il le peut. S’il ne le peut, pas, il sera temps d’aller plus loin. Mais attendez, attendez. Vous ne lui avez pas encore dit de quoi vous l’accusiez.

Philippe médita un moment, puis il dicta une nouvelle phrase :

« Je ne puis deviner depuis quand vous êtes entré dans cette mauvaise voie : j’aimerais à croire qu’il n’y a pas longtemps, mais alors comment auriez-vous déjà besoin d’une somme si considérable ? Il faudrait que vous fussiez allé bien vite. Il serait inutile que je vous présentasse à présent les raisons qui auraient dû vous détourner de jouer. Je ne puis que vous exhorter à vous arrêter et à considérer la ruine où conduit ce