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conduisent ces théories, quand on les met en pratique. Il y a ici deux demoiselles Wellwood, filles de cet infortuné qui succomba dans un duel contre le vieux M. Morville ; elles semblent faire tout leur possible pour se rendre ridicules. Elles élèvent chez elles de pauvres enfants d’une telle manière qu’elle ne les préparent pas du tout pour leur position, et elles leur font suivre des règles aussi sévères que dans un couvent. Elles fatiguent les malades de l’hôpital à force de leur parler : elles vont visiter les pauvres à des heures indues. Le docteur Henley a même trouvé l’une d’elles à minuit dans un logis rempli de gens du plus mauvais caractère. Elles sont cependant encore jeunes, et n’ont ni mère ni aucune personne âgée auprès d’elles pour les diriger. Mais c’est la mode de les admirer parmi la congrégation de la nouvelle chapelle ! — Ce sujet m’a empêchée de commencer ma lettre par ce que j’ai à vous dire du jeune baronnet. Ce que j’en ai vu s’accorde avec votre description, mais je m’attendais à ce qu’un Morville de Redclyffe tiendrait davantage du héros de roman, ou du personnage tragique, comme c’était le cas avec son père, qui était aussi beaucoup plus grand et plus beau que lui. M. Walter est certainement très comme il faut, et plaît par sa vivacité. Je lui crois des talents, mais il me semble superficiel, et sa manie pour la musique le détournera des choses sérieuses. Malgré tout ce que vous m’aviez dit de son impatience naturelle, j’étais loin de m’attendre à la voir si près de se montrer à la moindre provocation. C’est marcher sur un