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— Écrivez tout ce que vous voudrez.

— Quoi ! ce que je voudrai, et si je lui disais d’aller se promener, et que je ne puis me passer de vous ?

— Je suis tranquille, mon papa.

— Voilà une bonne petite fille : il ne faut plus la tourmenter. Eh bien, Laura, que pensez-vous de tout ceci, jeune beauté ? Voilà votre petite sœur qui a fait une conquête avant vous !

Comme Laura ne plaisantait pas souvent, son silence ne fut pas remarqué. Ses sentiments étaient très confus, mais elle sentait, entre mille autre choses, que ce n’était pas sa beauté seule qui avait captivé Philippe.

Madame Edmonstone, ayant vaguement soupçonné deux ans auparavant qu’Eveline avait de l’inclination pour Walter, était curieuse de savoir comment elle recevrait la grande nouvelle. Eveline en fut enchantée. C’était une de ces jeunes personnes vives et franches, qui se livrent ingénument aux plaisirs de la société ; avec un autre que Walter elle n’aurait pas été moins naïve et moins gaie. Elle se vanta même d’avoir amené la grande crise par sa plaisanterie de la veille, en sorte que sa tante ne put lui faire à ce sujet les reproches qu’elle méritait.

— Quelle noce magnifique ! s’écriait la jeune personne en sautant de joie. Je viendrais à pied de Kilcoran exprès pour la voir, puis je serai demoiselle d’honneur, n’est-ce pas ?

— Oui, si vous êtes sage et que vous ne parliez à personne de tout ceci. Il va sans dire que j’excepte