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Ces mots blessèrent le cœur de la pauvre Laura. Mais Walter pouvait douter là où Philippe était sûr de son fait. Madame Edmonstone continua :

— Leur franchise et leur confiance sont touchantes. Je n’en suis pas surprise dans Amy ; mais c’est fort beau à Walter de m’avoir tout dit.

Autre coup pour la pauvre Laura. Mais, non ! la pauvreté de Philippe était la seule cause de son silence : lui aussi il aurait parlé ouvertement s’il avait eu une position.

— J’espère qu’il ira bien ! dit Laura.

— Certainement, s’écria madame Edmonstone avec l’enthousiasme de l’affection. Pourquoi en douter ? Il n’y a pas un homme au monde qui m’inspirât plus de confiance.

Laura ne put entendre ces éloges sans se rappeler les avertissements que Philippe lui avait donnés deux ans auparavant.

— Walter a certainement de belles qualités, dit-elle en hésitant.

— Je vois, dit la mère, que vous craignez son humeur impétueuse, mais je n’en suis pas effrayée. Un caractère passionné comme le sien, mais contenu par des sentiments religieux, est plus sûr qu’un caractère doux sans cette garantie.

Laura trouvait sa mère trop confiante, mais elle convint que Walter avait une piété véritable et solide. Elle fut bien aise que l’approche d’Eveline et de Charlotte vînt mettre un terme à cette conversation, et se hâta de demander ce qu’il faudrait dire à Eveline.