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manda si c’était bien elle qui lui faisait cette proposition. Eveline et ses complices, effrayées de ce qu’elles avaient fait, s’écartèrent.

Amy pouvait à peine respirer.

— Pardon, lui dit-elle, et ce fut tout ce qu’elle put articuler.

— Vous voulez que je chante ? dit-il d’un air surpris. Et il ajouta d’une voix étouffée : Je ne puis.

À ce moment on apporta de la lumière, M. Ross entra et l’on ne parla plus de musique. Un moment après, la voiture fut annoncée, et, quand on demanda où était Walter, M. Ross répondit qu’il était déjà retourné à la maison, et lui avait souhaité le bonsoir. Mais il n’ajouta pas, comme il le dit plus tard à sa fille, que ce jeune homme avait l’air de ne pas penser à ce qu’il faisait, et qu’il était parti, malgré la pluie, portant sous son bras un parapluie qu’on lui avait fait prendre.

Rentrée à la maison, Amy courut dans la chambre de madame Edmonstone ; mais, l’ayant trouvée endormie, elle se retira sans bruit. Elle dormit fort peu cette nuit, et, le lendemain matin, elle ne voulut pas conter ses chagrins à sa mère avant le déjeuner, de peur de lui être importune. Mais Walter devait partir à midi par le chemin de fer, et elle était décidée à lui expliquer auparavant ce qui s’était passé la veille. Ainsi donc, aussitôt qu’elle le put, elle entraîna sa mère dans le boudoir.

— Oh ! maman, s’écria-t-elle, si vous saviez ce qui m’est arrivé !