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Enfin, l’heure du départ étant arrivée, Amy marcha en avant avec Laura et Eveline, parce que Walter était avec sa maman ; mais bientôt, après avoir ouvert une barrière pour laisser passer Charlotte sur son âne, il rejoignit les jeunes demoiselles. Aussitôt Amy vit quelque chose dans la haie, une fleur. N’eût-elle vu qu’une ortie, elle l’aurait aussi bien cueillie pour qu’on la laissât en arrière ; malheureusement on l’attendit. Alors elle essaya de garder le silence, mais Walter lui parla le premier ; elle courut joindre Charlotte et l’âne ; mais, à la barrière suivante, Walter vint encore l’ouvrir et il demeura auprès d’elle à causer. Enfin elle se mit sous l’aile de sa mère, et, ne la quittant plus, elle trouva moyen de se tirer assez bien d’affaire tant qu’on fut à East-Hill. Mais plus loin elle monta l’âne, qui, comme tous les ânes, voulait toujours être en tête de la caravane. Walter le conduisait ; ainsi elle se trouvait plus que jamais seule avec lui. Du haut de la colline, on jouissait d’une vue étendue et variée ; de grands bois, des champs d’orge et de blé, des prairies, se présentaient aux regards et finissaient par se perdre dans un horizon lointain. Amy savait que cet endroit avait un grand charme pour Walter, et qu’il avait surtout désiré de le lui faire admirer. Elle fut plus d’une fois sur le point de lui demander si c’était aussi beau que Redclyffe ; mais elle se souvint de sa résolution et ne dit mot. Sur le penchant de la colline, il y avait un bois, d’où Walter lui avait souvent rapporté des fleurs pour son herbier, et il aurait voulu qu’elle en vînt