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précieuse ; mais à peine purent-ils en profiter, tant ils étaient abattus.

— Vous partirez avant notre retour, dit Laura.

— Dans quinze jours ou trois semaines probablement.

— Mais vous pourrez toujours venir de temps en temps à Hollywell ?

— Je l’espère ; c’est la seule consolation sur laquelle je puisse compter ; nous ne passerons plus jamais un été comme celui-ci.

— Nous nous le rappellerons toujours !

— Oui, car il m’a donné une assurance qui compense tout ce que j’ai perdu ; cependant il m’a fait sentir plus que jamais comme la pauvreté flétrit toutes les espérances d’un homme.

— Ô Philippe, votre pauvreté vous ennoblit à mes yeux !

— Vous parlez comme une généreuse jeune fille, mais qui n’a jamais senti les maux de la pauvreté.

— Vous savez que Walter nous disait un jour qu’il y a bien plus d’honneur à occuper la place que vous remplissez partout sans le secours de la richesse.

— Je ne voudrais pas avoir agi autrement, je ne voudrais pas que mon père eût agi autrement. Vous me comprenez, Laura ?

— Certainement.

— Mais quand Walter ou vous-même vous parlez de mon honorable pauvreté, vous savez bien peu ce que je souffre, à la pensée de l’inutilité de mes efforts pour me créer une position digne de vous.