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dit à Laura, c’était une satisfaction que de voir son opinion justifiée. Cela faisait aussi oublier à la société sa sympathie avec Laura. Mais, comme les jeunes filles montaient dans leurs chambres, Eveline dit gaiement :

— Laura, vous êtes-vous querellée avec le capitaine Morville ?

— Eva, quelle idée ! Bonne nuit.

Et Laura se sauva dans sa chambre.

— Qu’est-ce que tout cela veut dire, Amy ? demanda Eveline.

— C’est que la présence d’un étranger nous a rendus un peu plus cérémonieux que de coutume.

— Que vous êtes innocente ! Il est inutile de vous questionner, dit Eveline en se retirant.

— Eva, Eva, dit Amy en courant après elle : ne vous en allez pas avec une idée fausse. Charles a tellement plaisanté Laura au sujet de Philippe, qu’il n’est pas surprenant qu’elle soit facilement intimidée en sa présence devant des étrangers ; et il n’aurait pas été convenable de rire, devant M. Thorndale, de ce qu’ils s’étaient ainsi rencontrés dans leurs choix.

— Très bien ; vous le croyez puisque vous le dites.

— Mais que pensez-vous donc, Eveline ?

— Je ne veux pas vous le dire, petite innocente, de peur de vous scandaliser.

— Ce que vous pensez sérieusement de Laura ne peut me scandaliser ; si vous plaisantez, c’est autre chose.