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échantillon d’anglais classique ; mais c’est un livre que personne ne pourrait lire en entier.

— Oh ! s’écria Walter avec indignation, c’est que vous ne l’avez pas lu attentivement. Si vous aviez vécu avec ces deux gros volumes, vous les aimeriez beaucoup. Ils m’ont suivi partout pendant plus de trois étés.

— Ceci explique votre prédilection : un livre lu dans la première jeunesse acquiert un charme bien plus grand que ses mérites.

— Il a pourtant de vrais mérites : la profondeur, le mystère, l’allégorie, les beaux caractères de quelques-uns des chevaliers.

— Vous les regardez à travers le prisme de votre propre imagination, mais il faut nous pardonner de trouver une grande uniformité dans les caractères et les aventures, et de ne pas approuver ce bizarre mélange de religion et de roman.

— Vous ne l’avez jamais lu, dit Walter, en tâchant de se modérer.

— Il suffit de parcourir un livre pour voir s’il est digne d’être lu.

— Il vaut peut-être mieux le parcourir que de le lire, n’est-ce pas ? demanda Charles.

— Certainement ; un étranger apprécie plus sûrement le mérite des gens qu’un ancien ami avec ses prédilections.

Charles se mit à rire, Walter recula sa chaise, et alla regarder par la fenêtre. Peut-être Philippe jouissait-il de son impatience, car, après tout ce qu’il avait