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un jeu, « pour amuser Charlotte, » ou plutôt pour faire cesser la contrainte. Chacun devait écrire le nom du personnage historique et du héros de roman, celui de la fleur et de la vertu, qu’il aimait le mieux ; enfin l’époque à laquelle il voudrait avoir vécu. Il s’agissait ensuite de deviner qui avait écrit chaque feuille. La première qu’on lut fut celle-ci :

« Muguet, franchise ; Jeanne d’Arc, le père Cristoforo, le temps actuel. »

— Amy ! s’écria Walter.

— Vous avez raison, dit Charles. Qu’est-ce qui vous a fait deviner ?

— Le père Cristoforo.

— Imaginez-vous Amy choisissant Jeanne d’Arc ! dit Eveline, elle qui a peur d’une sauterelle !

— Je voudrais avoir été la sœur de Jeanne, dit Amy, et lui avoir entendu conter ses visions.

— Vous lui auriez appris à y croire, dit Philippe.

— Appris ! s’écria Walter. Croyez-vous donc qu’elle fût un imposteur ?

— Je crois, répondit Philippe, que les amis aussi bien que les ennemis de Jeanne lui ont fait beaucoup de tort, mais ce n’est pas ici le moment d’entamer une discussion philosophique à son sujet.

Walter fronça le sourcil ; il tortillait une plume, puis, s’en étant aperçu, il la jeta loin de lui, et se croisa les bras, comme pour contenir son impatience.

Charlotte continua de lire : « Lavande. »

— Qui a pu choisir cette fleur ? s’écria Eveline.

— Je le sais, dit madame Edmonstone en levant