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c’est la raison pour laquelle il s’est éloigné. Que c’est noble !

— Et que pensez-vous de Laura ?

— Pauvre enfant ! J’ai eu tort de permettre une si grande intimité ; cependant je ne sais trop comment j’aurais pu l’empêcher.

— Vous croyez donc qu’elle l’aime aussi ? Il est vrai qu’elle n’est pas la même depuis quelque temps.

— Je pense que la société de son cousin, dont elle avait pris l’habitude, lui manque beaucoup. Mais j’espère que cela ne va pas plus loin. Je voudrais pouvoir la consoler, pauvre enfant ! Cependant je crois que le mieux est de ne rien faire paraître.

— Elle n’entend pas grand’chose aux romans, dit Charles, et c’est fort heureux. Pour Philippe, ce n’est pas lui qui voudrait faire mener à sa femme la vie de garnison et de caserne. Il voudrait l’avoir, comme ses livres, reliée en maroquin, ou pas du tout.

— Non, il ne voudrait pas l’entraîner dans des démarches qui la rendraient malheureuse. Nous pouvons nous fier à lui ; il n’y a pas de danger. Laura se remettra peu à peu ; elle le considérera comme son cousin et son ami, sans se douter qu’il ait jamais eu d’autres sentiments pour elle.

— Son départ pour l’Irlande arrive fort à propos.

— D’autant plus qu’il aura lieu bientôt.

— Et nous ne dirons rien à qui que ce soit ?

— Non. Ne laissons pas voir à Philippe que nous l’avons deviné ; pour votre père, cela le tourmenterait