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— Je le sais ; mais pourquoi est-il si soupçonneux ? Si l’on doit juger les gens par leur conduite, on en trouvera peu d’aussi estimables que Walter. Pourquoi lui imputer les fautes de ses ancêtres ?

— Philippe n’est pas si injuste !

— Pourquoi donc ne pas lui dire ouvertement ce qu’il pense ?

— Il ne le peut.

— Vous êtes donc dans le secret ?

— Oui, dit Laura, avec une parfaite franchise, pour se tirer d’embarras.

— Et vous ne pouvez me le dire ?

— Je ne crois pas.

— Et à Walter ?

— Pour rien au monde !

— Philippe ne pourrait-il le lui dire ?

— C’est impossible ; nous ne pouvons en parler, et le mieux, Amy, est de ne plus aborder ce sujet.

— C’est curieux, dit Amy ; mais il faut que j’aille m’habiller bien vite. Et elle s’éloigna sans autre désir de pénétrer les secrets de Philippe.

Laura demeura la tête appuyée sur sa main. Elle soupira et se demanda pourquoi elle avait tant de peine à répondre aux questions de sa sœur. N’aurait-elle pas pu lui dire que Philippe lui avait conseillé de décourager Walter, à qui il croyait un peu d’amour pour elle. C’est qu’alors Amy aurait demandé : pourquoi le décourager ? Non. Elle avait la confiance de Philippe : elle voulait la mériter, quoiqu’il lui en coûtât.