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— Hollywell lui offre peu de tentations. D’ailleurs, je serai à portée de voir ce qui se passera.

Pendant le reste de la soirée, Philippe n’eut plus l’air de s’occuper de Laura. Mais elle ne cessait de l’observer, de chercher à entendre ce qu’il disait. Elle faisait plus d’attention à lui qu’aux nombreux cavaliers qui se disputaient l’honneur de danser avec elle, et dont elle écoutait à peine la conversation.

Charles Thorndale, de son côté, suivait des yeux Eveline ; mais il ne l’invita qu’une fois à danser. Philippe fut bien aise de cette réserve, quoiqu’il l’attribuât plus à la docilité de son ami qu’à son inclination.

Pour Amy, elle s’amusait de son mieux, parce qu’elle se serait jugée une ingrate, si elle n’avait pas trouvé du plaisir chez des amis qui cherchaient à lui en procurer ; mais elle ne pouvait trouver le même attrait qu’au bal de lady Kilcoran. Puis elle sentait qu’elle avait été pour le moins aussi oisive que Walter, et ne trouvait pas juste de s’amuser pendant qu’il faisait pénitence. Elle avait cela sur le cœur ; elle causait, dansait, souriait, mais elle se sentait triste. Enfin madame Edmonstone envoya Maurice chercher la voiture ; Eveline en fut seule fâchée.

Philippe vint aider les dames à mettre leurs manteaux, et, tout en aidant Laura à mettre le sien, il lui dit tout bas :

— Prenez garde, veillez sur vous-même.

Laura, qui tout à l’heure encore rougissait et tremblait, sentit après ces paroles de Philippe le désir et la force de faire tout ce qu’il voudrait. Elle leva les