Page:Yonge - L'héritier de Redclyffe, Vol 1, 1855.djvu/126

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 120 —

fière que jamais de son cousin. Il était décidément le plus bel officier du bal, et le plus distingué par ses manières et ses talents. Mais aussi elle ne pouvait le regarder ni lui adresser la parole sans un sentiment de crainte insurmontable. Il lui semblait sans cesse que leur secret allait se trahir, et ce fut un soulagement pour elle de voir Philippe engager Eveline pour la première danse, et, d’être elle-même demandée par Maurice.

Eveline était enchantée de danser avec Philippe, et tâcha de ne laisser échapper aucune parole qui lui déplût : Du reste, comme on dansait une polka, ils n’eurent pas le loisir de dire beaucoup de choses. Ils parlèrent de la revue, de Charles, de la résolution soudaine de Walter ; Eveline célébra surtout la beauté de Laura, et, quand elle vit que ce sujet intéressait son danseur, elle y revint souvent.

Un peu plus tard, Philippe pria Laura de danser avec lui. Elle aurait bien voulu ne pas rougir quand il lui dit :

— Laura, j’espère que vous n’avez pas affecté une froideur exagérée vis-à-vis de mon cousin ? Car je ne puis expliquer son absence par aucune autre raison que par une de ses bouderies.

— Ce n’est pas cela, je vous assure ; ma conduite à son égard a été la même que de coutume ; seulement je me suis plus souvent tenue dans ma chambre. N’écoutez pas toutes les folies d’Eveline !

— Vous ne pourrez cependant me persuader que ce soit la crainte de se trop livrer au plaisir qui le