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vous les avez remplacées, vous avez été mon plus précieux intérêt dans ce monde ; vous m’avez toujours compris. Aurais-je pu souffrir de vous perdre et de vous voir malheureuse ?

Laura ne baissa pas la tête cette fois ; mais, tournant son beau visage vers Philippe, et répandant des larmes, elle dit :

— Ne craignez pas que jamais je change pour vous ; je ne le pourrais pas, car, s’il se trouve en moi quelque chose de bon, n’est-ce pas à vous que je le dois ?

Comment le jeune capitaine aurait-il pu conserver quelque doute ? comment n’aurait-il pas eu la certitude qu’il était aimé ? La joie lui ôtait la parole, et cependant, au milieu de son bonheur, il ne pouvait s’empêcher de se dire ? Qu’ai-je fait ? Il avait été plus loin qu’il n’en avait eu l’intention, et, à présent qu’ils s’étaient déclaré leur amour, il entrevoyait une longue suite de difficultés ; le mécontentement de M. Edmonstone, en apprenant que sa fille aimait un jeune officier sans fortune ; puis il ne pourrait plus venir familièrement à Hollywell, quand on saurait comment il avait abusé de la liberté dont on le laissait jouir vis-à-vis de ses cousines. Cependant son ravissement fit taire toutes les réflexions.

— Laura, ma bien-aimée, dit-il, nous nous sommes compris, nous nous aimerons toujours !

— Oui, rien ne pourra détruire un sentiment qui a grandi avec nous !

— C’est pour toujours ! répéta Philippe. Mais, Laura,