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ne se décidât et qu’elle ne fût perdue pour lui. Combien il aurait voulu la mettre sur ses gardes contre l’affection qu’il lui supposait pour Walter, et cependant quel droit avait-il de parler ?

Enfin, trois jours avant la revue, il trouva un moment pour aller à Hollywell, et il partit, résolu à rompre le silence, mais sans avoir décidé quel rôle il jouerait.

Comme il venait de passer la barrière d’un champ, à un mille et demi environ de Hollywell, il vit une dame assise sur un tronc d’arbre, et occupée à dessiner. C’était Laura, qu’un sort favorable lui faisait rencontrer seule. Le reste de la société était allé un peu plus loin, pour récolter des champignons sur la colline, pendant qu’elle faisait un croquis des tours de Broadstone. Elle parut charmée de le voir, et lui montra son esquisse pour avoir son avis : mais il n’y fit pas grande attention. Maintenant qu’il la trouvait seule, il se sentait embarrassé et ne savait comment aborder le sujet qui l’amenait.

— Il y a bien longtemps que je ne vous ai vue, dit-il enfin.

— C’est vrai.

— Et plus longtemps encore que nous n’avons eu aucune conversation.

— C’est justement ce que je pensais. Le fait est que nous avons eu tant de distractions dernièrement, qu’il restait à peine un moment pour se recueillir. Walter dit que nous sommes extrêmement dissipés.