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et il fut plus heureux auprès d’elle. Pour M. Edmonstone, il demanda à Mary Ross si elle le trouvait trop vieux pour son danseur, et, sur sa réponse négative, on le vit bientôt figurer auprès d’elle avec les pas et les entrechats qui avaient fait de lui l’un des meilleurs danseurs de son temps.

Madame Edmonstone observait sa jeune famille avec une fierté maternelle. La beauté de Laura et de Philippe ne l’avait jamais frappée aussi vivement que ce soir-là. Ils se ressemblaient beaucoup ; ils avaient les mêmes traits réguliers, les mêmes yeux d’un bleu foncé, et tous deux le teint très blanc.

C’est singulier, se disait madame Edmonstone ; en voyant Philippe on n’est pas d’abord frappé de sa beauté ; elle ne fait qu’un effet secondaire, et ce que l’on remarque au premier abord, c’est la distinction de ses manières. Et Laura ! comme elle est belle et gracieuse. — Pour ma petite Amy, elle semble presque aussi jolie que sa sœur, avec son aimable sourire et sa douce expression. Puis elle a l’air si heureux ! Et son danseur Walter, comme ses yeux brillent ! c’est aussi l’image du bonheur !

La danse finie, lady Eveline s’approcha de Laura et lui dit tout bas :

— Laura ! je suis une ambitieuse. Vous ne devinez pas… J’aurais meilleure opinion de moi, si j’obtenais quelque attention de lui, et, au contraire, je suis sûre qu’il dira du mal de moi à son ami M. Thorndale, avec qui je viens de danser et de causer aussi sensément qu’il est à propos de le faire dans un bal.