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quelques vers composés par Walter, l’avait appelé un Pétrarque, entendant par là simplement un poëte. Mais, sur-le-champ, il vit que ce nom rappelait celui de Laure, et s’apercevant de la jalousie que cette circonstance éveillait dans son cousin, il prit un air mystérieux, et refusa d’en dire davantage. Aussi, qu’on juge des sentiments du jeune capitaine, lorsque Amable, montrant à Walter un brin de myrte dans la guirlande de sa sœur :

— Voyez, dit-elle, vous avez voulu me persuader que cela ne se remarquerait pas, et pourrait passer pour du jasmin !

— Ah ! répondit-il, je voudrais vous avoir apporté assez de myrte pour que sa couronne en fût entièrement formée !

On partit enfin, et l’on arriva de bonne heure. Le salon d’Allonby était une fort belle pièce, qui communiquait avec la serre. Il n’y avait encore que les maîtres de la maison, le bon lord Kilcoran, sa femme, douce et paisible Anglaise, Maurice et ses deux jeunes frères, Evelina et ses deux petites sœurs, Mabel et Hélène. Peu à peu la société arriva, et les quadrilles se formèrent. Philippe observait toujours Laura, pour voir si sa conduite s’accorderait avec les soupçons que Charles lui avait donnés, et, à la première occasion, il l’invita à danser. Il fut fort satisfait de son empressement à accepter et du regard qu’elle jeta sur lui, en répondant à Walter, qui voulait l’engager aussi, qu’elle avait déjà promis à Philippe. Walter, pour se consoler, alla chercher Amable dans la serre,