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MÉMOIRES DE HIOUEN-THSANG, L. I.

Après avoir fait environ trois cents li au nord-ouest de ce royaume, il traversa un désert pierreux, et arriva à une montagne de glace[1], qui est située au nord des monts Tsong-ling[2]. Les eaux des plateaux coulent en général vers l’est. Les montagnes et les vallées sont couvertes de monceaux de neige ; on y voit de la glace au printemps et en été. Quoiqu’elle fonde de temps à autre, elle ne tarde pas à se reformer de nouveau. Les chemins que l’on traverse sont difficiles et dangereux ; un vent froid souffle avec violence, et l’on est souvent en butte à la férocité des dragons (sic) qui attaquent les voyageurs. Ceux qui suivent cette route ne doivent pas porter des vêtements rouges ou des calebasses, ni appeler à grands cris. Pour peu qu’on oublie cette précaution, on voit éclater les plus grands malheurs. Un vent violent s’élève tout à coup, fait voler des tourbillons de sable, et répand une pluie de pierres qui engloutissent les voyageurs. Il est bien difficile d’échapper à la mort. Après avoir fait environ quatre cents li à travers les montagnes, il arriva à un grand lac appelé Thsing-tchi[3]. Il a environ mille li de tour. Il est allongé de l’est à l’ouest, et resserré du sud au nord. De tous côtés, il est entouré de montagnes ; une multitude de rivières

  1. En chinois, Ling-chan ; c’est le Mousour-dabaghan d’aujourd’hui. Cf. Sin-kiang-tchi-lio, liv. I, fol. 10.
  2. Le nom étranger de ces montagnes est Tartachi daba, suivant les éditeurs du Pien-i-tien, liv. LV, art. K’iu-tchi (Koutche).
  3. C'est le lac Temourtou ou Issikoul. On l'appelle aussi Je-haï « mer chaude », et Hien-haï « mer salée ».