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INTRODUCTION AU SI-YU-KI.

L’île de Tchen-pou (Djamboudvîpa) a pour point central le lac ’O-na-p’o-ta-to (Anavatapta), qui est situé au midi du mont Hiang-chan (Gandhamâdana), et au nord des grandes montagnes neigeuses (Himavat). Il a huit cents li de tour. L'or, l'argent, le Lieou-li (Vâidoûryya — lapis-lazuli), le Po-Tchi (Sphaṭika — cristal) embellissent ses rives. Ses eaux roulent des sables d'or, et sont pures et claires comme un miroir. Les Pou-sa (Bôdhisattvas) du grand univers, par l'énergie de leurs désirs, se sont transformés en rois des dragons (Nâgarâdjas), et y ont établi leur séjour. Ils en font sortir des eaux pures et fraîches, et les distribuent dans le Tchen-pou-tcheou (Djamboudvîpa). De là vient que, du côté oriental du lac, de la bouche d'un bœuf d'argent, sort le fleuve King-kia (le Gange). Il fait une fois le tour du lac et va se jeter dans le mer du sud-est.

Au midi du lac, de la bouche d'un éléphant d'or, sort le fleuve Sin-tou (le Sindh — Indus). Il fait une fois le tour du lac, et va se jeter dans la mer du sud-ouest.

À l'occident du lac, de la bouche d'un cheval de Lieou-li (Vâidoûryya — lapis-lazuli), sort le fleuve Po-tsou (Vatch — Oxus). Il fait une fois le tour du lac et se jette dans la mer du nord-ouest.

Au nord du lac, de la bouche d'un lion de Po-tchi (Sphaṭika — cristal), sort le fleuve Si-to (Sîta) ; il fait une fois le tour du lac et se jette dans la mer du nord-est. Suivant quelques auteurs, il s'enfonce dans la terre et sort du mont Tsi-chi-chan. Le courant du fleuve Si-to (Sîta) donne naissance au fleuve (Jaune) du royaume du milieu.

À l'époque où il n'y avait point de roi Tchakravarllî possédant le gouvernement (universel), le Tchen-pou (Djamboudvîpa) était partagé entre quatre maîtres.