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VOYAGES DES PÈLERINS BOUDDHISTES.

Sur ces entrfaites, il corrigea[1] les abus et fonda une bonne administration ; il accorda des distinctions aux sages et eut pitié des malheureux. Après quoi, il mit toutes ses troupes en marche, fit apprêter son char royal, et se rendit en pompe au palais du roi des dragons, pour lui faire connaître l’exécution de ses ordres. Il alla au-devant de la fille du dragon, et la ramena dans sa capitale. Mais les péchés anciens de la fille du dragon n’étaient pas entièrement effacés, et son expiation n’était pas encore complète. Toutes les fois que son époux voulait lui témoigner son amour, neuf têtes de dragons sortaient subitement de son cou. Le descendant de Çâkya, plein d’effroi et de dégoût, ne savait quel parti prendre. Il attendit qu’elle fût endormie, et les trancha d’un coup de sabre. La fille du dragon s’éveilla en sursaut, et lui dit : « Ce que vous venez de faire ne tournera pas au profit de vos descendants ; non-seulement ma vie en souffrira un peu, mais vos fils et vos petits-fils ressentiront de cruels maux de tête. » Voilà pourquoi la famille royale de ce pays est ordinairement sujette aux mêmes douleurs ; elles ne sont pas continues et éclatent de temps en temps par accès. Après la mort du descendant de Çâkya, son fils lui succéda sur le trône, sous le nom de Ou-ta-lo-si-na (Outtarasêna).

À peine le roi Chang-kiun (Outtarasêna râdjâ) avait-il hérité de la couronne de son père que sa mère perdit

  1. Il y a dans le texte youen-pi « il continua les abus » ; il faut évidemment khe-pi « il corrigea les abus ».