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MÉMOIRES DE HIOUEN-THSANG, L. III.

dit-il, ne nous abandonnez pas ; allez demeurer dans cette maison voisine. Je vous fournirai les moyens de vous rendre maître de ce pays et d’y obtenir un nom illustre. Tous les habitants deviendront vos sujets, et la durée de votre dynastie s’étendra jusqu’à la postérité la plus reculée. »

Le descendant de Çâkya le remercia et lui dit : « Ce n’est point là ce que je désire. »

Le roi des dragons plaça dans un coffre une épée précieuse, et mit par-dessus une pièce de coton blanc d’une beauté admirable ; puis il dit au descendant de Çâkya : « Veuillez prendre cette pièce de coton, et allez l’offrir au souverain de ce royaume. Il ne manquera pas d’accueillir ce tribut d’un étranger ; vous profiterez de ce moment pour tuer le roi, et vous vous emparerez de ses États. N’est-ce pas là un excellent projet ? »

Le descendant de Çâkya, ayant reçu les instructions du roi des dragons, alla sur-le-champ faire son offrande au roi Oudyâna, qui prit lui-même la pièce de coton blanc. Alors, le descendant de Çâkya le saisit par sa manche et le perça de son épée. Les serviteurs et les satellites du roi poussèrent de grands cris au bas des degrés du trône. Le descendant de Çâkya leur dit alors, en brandissant son épée : « Cette arme que je tiens, est un présent qu’un dragon divin a daigné me donner pour châtier ceux qui tarderont à se soumettre, et immoler ceux qui me refuseront l’obéissance. »

Tous furent saisis d’effroi, en le voyant animé d’une valeur surhumaine, et se hâtèrent de le proclamer roi.