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VOYAGES DES PÈLERINS BOUDDHISTES.

grains. Au bout d’un grand nombre d’années, il y en eut quelques-uns qui éludèrent cet impôt. King-ki (Gañgî) entra en colère, et fil le vœu de devenir un dragon venimeux pour déchaîner contre eux le vent et la pluie, et ruiner leurs moissons. Quand il eut quitté la vie, il devint le dragon de cc pays ; sa source laissait échapper un courant d’eau blanche qui anéantissait tous les produits de la terre.

A cette époque, Chi-kia-jou-laï (Çâkya Tathâgata) gouvernait le monde avec une bonté compatissante. Emu de pitié pour les habitants de ce royaume, qui étaient seuls victimes d’une telle calamité, il descendit en cet endroit et voulut convertir ce méchant dragon. Un génie, armé d’une massue de diamant (Vadjrapâṇi), en frappa les bords de la montagne. Le roi-dragon fut rempli de terreur ; il sortit de l’étang et vint faire sa soumission. Lorsqu’il eut entendu le Bouddha expliquer la loi, son âme devint pure, et son cœur s’ouvrit à la foi. Aussitôt Jou-laï (le Tathâgata) lui défendit de nuire aux moissons.

Le dragon lui dit : « Tout ce qui sert à ma nourriture me provient des champs des hommes ; mais, maintenant que j’ai reçu vos saintes instructions[1], je crains de ne plus pouvoir subvenir à mes besoins. Je désire recueillir, tous les douze ans, une provision de grains. »

Jou-laï (le Tathâgata), par un sentiment de compassion, consentit à sa demande. C’est pourquoi, mainte-

  1. C’est-à-dire, vos ordres.