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MÉMOIRES DE HIOUEN-THSANG, L. III.

À quatre ou cinq li à l’est de la ville de Moung-kie-li (Moungali), il y a un grand Stoûpa, où éclatent beaucoup de miracles. Ce fut en cet endroit que jadis le Bouddha, remplissant le rôle de Jin-jo-sien (Kchântirĭchi)[1], coupa (une partie de) ses membres en faveur du roi Kie-li[2] (Kali-râdjâ). (Il y a ici une lacune dans le texte.)

Après avoir fait de deux cent cinquante à deux cent soixante li, au nord-est de la ville de Moung-kie-li (Moungali), il entra dans (les gorges d’une) grande montagne et arriva à la fontaine du dragon ’O-po-lo-lo (Apalâla), qui donne naissance au fleuve Sou-p’o-fa-sou-tou (Soubhavastou — lisez : Çoubhavastou), dont un bras coule au sud-ouest. Dans ce pays, il gèle au printemps et en été ; du matin au soir la neige vole en tourbillons. La neige et la pluie présentent des reflets de cinq couleurs dont l’éclat se répand de tous côtés.

Du temps de Kia-ye-fo (Kâçyapa Bouddha), ce dragon naquit dans la classe des hommes ; son nom était King-ki (Gañgî). Il était très-versé dans la science des formules magiques ; il réprimait la méchanceté des dragons et les empêchait de faire tomber une pluie violente. Grâce à sa protection, les habitants récoltaient une abondance de grains qui surpassait leurs besoins. Un tel bienfait les avait pénétrés de reconnaissance, et chaque famille lui offrait en tribut un boisseau de

  1. En chinois, Jin-jo-sien, le Rĭchi qui supporte la honte. Dans le Dictionnaire Fan-i-ming-i-tsi, liv. X, fol. 10, Kchânti est traduit par Jin-jo-Sien répond exactement à Rĭchi.
  2. En chinois, Teou-tseng « bataille, dispute ».