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VOYAGES DES PÈLERINS BOUDDHISTES.

interruption, le cercle de la vie et de la mort[1]. Dans l'obscurité d’une longue nuit, veuve de l’astre qui l'éclaire[2], ils se trouvent comme lorsque le soleil a caché son disque radieux. Alors les flambeaux continuent le jour ; mais, quoique leur clarté égale celle des étoiles, pourrait-on la comparer à la splendeur de la lune ?

Si, partant de cette considération, ils ont comparé (l’Inde) à la lune, c’est surtout parce que, dans cette contrée, les saints et les sages qui se sont succédé les uns aux autres, ont guidé le siècle et dirigé les êtres, comme la lune lorsqu’elle répand son éclat sur le monde ; c’est par suite de cette idée qu’ils l’ont appelée In-tou (Indon)

Les familles de l'Inde sont divisées en plusieurs classes (castes) ; celle des Brâhmanes est considérée comme la plus pure et la plus noble. D’après leur nom distingué, et par l'effet d’une tradition que l'usage a consacrée, sans tenir compte de la distinction des limites de l'Inde, on donne à cette contrée le nom général de royaume des Po-lo-men (des Brâhmanes).

II.
Étendue et position de l'Inde ; nature du climat et du sol.

La circonférence des cinq Indes est d’environ quatre-vingt-dix mille li ; de trois côtés, elle est bornée par une grande mer ; au nord, elle est adossée à des montagnes neigeuses. Elle est large au nord, et resserrée au midi ;

  1. Littéralement : reviennent comme une roue, et ne se reposent pas.
  2. Littéralement : une longue nuit où manque l'astre qui y préside.