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MÉMOIRES DE HIOUEN-THSANG, L. I.

Il fit environ trois cents li au sud-est, à travers les montagnes, et entra dans les Portes de fer. On appelle ainsi les gorges de deux montagnes parallèles, qui s’élèvent à droite et à gauche, et dont la hauteur est prodigieuse. Elles ne sont séparées que par un sentier qui est fort étroit, et, en outre, hérissé de précipices. Ces montagnes forment, des deux côtés, de grands murs de pierre dont la couleur ressemble à celle du fer. On y a établi des portes à deux battants, qu’on a consolidées avec du fer. On a suspendu aux battants une multitude de sonnettes en fer; et, comme ce passage est difficile et fortement défendu, on lui a donné le nom qu’il porte aujourd’hui.

Lorsqu’on est sorti des Portes de fer, on entre dans le royaume de Tou-ko-lo (Toukharâ). Le territoire de ce royaume a environ mille li du sud au nord, et trois mille li de l’est à l’ouest. A l’est, il est borné par les monts Tsong-ling ; à l’ouest, il touche à la Perse. Au sud, il regarde de grandes montagnes neigeuses ; au nord, il s’appuie sur les Portes de fer. Le grand fleuve Po-tchou (Vatch— Oxus) coule au milieu de ses frontières dans la direction de l’ouest. Depuis plusieurs centaines d’années, la race royale est éteinte. Des chefs puissants, après avoir lutté entre eux à main armée, se sont arrogé chacun le titre de prince ; et, se sentant protégés par des rivières et des obstacles naturels, ils ont partagé le royaume de Tou-ko-lo (Toukharâ) en vingt-sept états. Mais, quoique leurs domaines soient nettement divisés, ils sont soumis, dans leur ensemble,